Avec sa campagne «Refaisons de Noël une fête merveilleuse», Mazda essaie maladroitement de nous expliquer une philosophie faite de qualité et d’attachement aux traditions. Un message positif mal servi par une action à côté de la plaque.
Auteur/autrice : Romain Page 6 of 11
Gentleman helvético-viking. Je vis à Lausanne avec une femme, deux enfants, trois consoles de jeu, une dizaine de gadgets avec une pomme dessus et plus de 1500 BD.

https://www.youtube.com/watch?v=Lc38jyHQXrE
Quand j’ai entendu que Suisse Tourisme avait engagé Buzz Aldrin comme ambassadeur, j’ai levé un sourcil interrogateur. J’ai peut-être même secoué la tête en soupirant. Je ne voyais pas le rapport. Ensuite j’ai vu le spot. Et je dois dire que c’est plutôt bien joué.
When I first landed here I said to myself: « This is simply out of this world. This is the most amazing landscape I have ever seen. » And you can believe me: I am familiar with out of this world places. I have been on the moon.
Buzz Aldrin, c’est tout simplement le deuxième type à avoir posé son pied sur la lune. Il représente ce qui est sans aucun doute le voyage le plus extraordinaire de toute l’Histoire récente. Quand ce vieux bonhomme nous dit de sa voix tranquille: «Je suis allé sur la lune», j’en ai des frissons. Je m’imagine ces mecs qui se sont embarqués dans un truc qui ressemble à une boîte de conserve pour se balader dans l’espace en ne sachant même pas s’ils pourraient revenir. Le personnage concentre une quantité phénoménale d’émotions et d’admiration .
Suisse Tourisme et Buzz Aldrin: un ambassadeur qui concentre une quantité phénoménale d'émotions! Share on XIl sait de quoi il parle
Si Buzz a marché sur la lune et qu’il nous dit que la Suisse est un endroit incroyable, qu’il n’a jamais vu un paysage aussi extraordinaire, on aurait tendance à le croire. Et d’ailleurs, les images sont parfaitement réalisées pour nous convaincre: le parallèle avec le paysage lunaire, l’empreinte de la botte dans la neige helvétique, la tenue même de l’astronaute qui rappelle la combinaison spatiale qu’on a tous vue des milliers de fois…
Aucun doute, Buzz flatte notre égo et notre chauvinisme, à nous les Suisses. Reste un détail sur lequel j’aimerais beaucoup avoir des infos: est-ce que ça fait le même effet à des étrangers? Parce que c’est quand même le but.

Un peu d’exotisme aujourd’hui, avec le trailer de To the Pub. Cette série de 50 petits films présente 50 des pubs les plus populaires de Grande-Bretagne à travers les yeux de leurs clients.
Produite à l’initiative de King Greene Brewery, cette série est pour moi un excellent exemple de stratégie de contenu: une approche authentique, avec une forte connotation émotionnelle, dans un contexte parfaitement adapté à la marque.
At the heart of many communities, the pub brings people together from all walks of life. From those who enjoy a quiet pint or a game of darts, through to celebrating weddings and sharing memories of friends and family – every pub has a tale to tell and here they are.
Une démarche culturelle autant que publicitaire
Véritable institution en Grande-Bretagne, le pub traverse une époque difficile. L’évolution des habitudes et de la vie professionnelle, la montée en flèche des prix de l’immobilier et une diversification de l’offre (poussée par les coffee shops) ont conduit à la fermeture d’un nombre impressionnant de pubs durant les dernières années.
Dans ce contexte, la démarche de Greene King est intelligente: au lieu de viser un résultat publicitaire à court terme en mettant en avant sa bière, la brasserie célèbre le pub en tant qu’icône culturelle et lieu de vie communautaire incontournable. D’ailleurs, la marque est présente de façon visuelle uniquement dans les films.
L’objectif est avant tout de (re)donner aux gens l’envie d’aller au pub. Et s’ils se souviennent de la marque qui les a mis dans cet état d’esprit, tant mieux. Il sera toujours temps de la leur mettre sous le nez une fois qu’ils y auront mis les pieds.
« Sauver les pubs et donner envie de boire de la Greene King », une stratégie qui voit un peu plus loin que le bout de son nez!

Cette affiche m’intrigue, j’ai de la peine à la comprendre. «On en oublie les autres.» Mais de qui on parle, au fond?
Visuellement, ça part assez juste: ça sent la styliste zurichoise, la fillette blonde avec des couettes sort tout droit d’un petit bled de Suisse-allemande et le paysan de montagne vient compléter le tableau. Pas de doute, on est bien en Suisse.
Minipic est un de ces produits typiquement d’ici, avec une forte connotation émotionnelle. On le connaît depuis toujours, il évoque des pique-niques à la montagnes, des courses d’école, des voyages en train, des sorties à ski. J’en mangeais petit et mes enfants en raffolent.
A part pour quelques malheureux qui se seraient cassé une jambe ou brûlés durant ces excursions, Minipic rappelle de bons souvenirs chez tout le monde. Alors comment comprendre cette affiche? Qui oublie qui? Ou quoi?
On en oublie les autres. Pardon?
Chaque personnage de l’affiche est super différent des autres mais ne s’en soucie pas? On aime tellement manger un Minipic qu’on se fiche de ce que pense le reste du monde en nous voyant ronger un bâton de charcuterie?
C’est toujours gênant quand une campagne est incompréhensible... Une visite du site web ne m’a pas aidé non plus. Quoique. En allemand, le slogan est: «Alle Andere sind Würstchen!» Würstchen, des petits saucisses? Tous les autres ne sont donc que des petites saucisses?
L’ennemi héréditaire
Dans le sens «petit pipi»? Du menu fretin, de la gnognotte, de la gogne? De la m*rde? Ou alors juste ça, des petites saucisses? Le mot doit quand même avoir un sens particulier puisque, toujours dans la version allemande, on nous enjoint à ne pas être une Würstchen…
Un petit tour dans la version anglaise du site me donne enfin d’autres indices. Le slogan est «All the others are weenies.» Weenie, comme «Wiener», le nom de la saucisse de Vienne. Mais aussi, en argot, un synonyme de pénis. Nous y voilà! C’est encore une mauvaise traduction! Il y avait bien un jeu de mots (douteux et macho) sur la vague ressemblance entre une saucisse et un zizi sexuel…
Mais quand donc les publicitaires zurichois (tout de noir vêtus comme il se doit) comprendront-ils qu’on vit dans un pays plurilingue? Qu’une campagne doit fonctionner aussi bien en français et en italien qu’en allemand? Que c’est peut-être marrant de parler de Würstchen en allemand mais que ça tombe complètement à plat quand on parle seulement «d’oublier les autres?»