Le blog de Romain Pittet vous propose un bouquet de réflexions amusées servi sur un lit de commentaires soigneusement émincés. Tout l'assortiment est cultivé à la main au cours de longues journées de travail dans le domaine de la communication et des relations publiques.

Étiquette : suisse

Gruyère: un petit goût de déjà vu

Depuis le début 2014, le plus célèbre fromage de Suisse s’est lancé dans une nouvelle campagne publicitaire. A la poubelle, le « N’oublie jamais d’où il vient » qui faisait appel au patriotisme gruyérien. Dépassé, le « Ça calme » qui tentait de rendre au Gruyère intemporel sa place dans la vie trépidante du 21e siècle (HT Sébastien Galifier et l’agence ACP).

Désormais, c’est par l’humour que le Gruyère essaie de séduire le public. La nouvelle campagne est en effet une série plutôt amusante de clichés qui montre que le Gruyère est un fromage pour tout le monde: chaque sujet est une situation où un petit commentaire vient répondre à une mise en scène impliquant un ou plusieurs morceaux de fromage.

Sympa, certes, mais absolument pas nouveau: cela fait des années que la pomme de terre suisse est vendue de la même manière! Et si on remonte encore un peu dans le temps, on retrouve une campagne Heineken, sponsor de nombreux événements musicaux, qui jouait habilement avec le produit. Décidément, everything is a remix.

Comme je vous aime, je vous ai même créé une petite galerie de visuels. Surtout que certaines de ces pubs sont assez anciennes et difficiles à trouver sur le web. D’ailleurs, on dirait bien que la campagne Heineken était une production suisse!

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Nouveaux Rivella: des aberrations génétiques

« De quelle couleur est votre soif? » Depuis plus de soixante ans, Rivella nous a habitués à un choix extrêmement simple: rouge, bleu ou vert. (Ou jaune pour un temps, mais ça n’a pas duré.) Et là, patatras, il viennent de tout chambouler en renonçant à cette « Brutal Simplicity » si chère aux frères Saatchi.

Cette semaine, Rivella vient de lancer deux nouvelles variétés, aromatisées à la pêche et à la rhubarbe. Aromatisées, mais aussi nommées pêche et rhubarbe. C’est là que ça ne va pas: ce ne sont pas des couleurs. On sort donc de la lignée des classiques de la marque, ce qui est une grossière erreur de branding.

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Dans son fameux livre Pourquoi la vache qui rit ne pleure jamais, Frank Tapiro explique que, comme chacun d’entre nous, les marques sont dotées d’un génome. La somme d’un certain nombre de valeurs fondamentales qui ne doivent pas être trahies, sous peine de faire perdre à la marque ce qui la rend unique, ce qui fait son âme et donc son succès. Si Frank était suisse, il aurait sûrement consacré un chapitre de son bouquin à Rivella et sa gamme de produits au nom de couleurs.

« Pourquoi les gens naissent-ils? Pourquoi meurent-ils? Et pourquoi cherchent-ils dans l’intervalle à porter le plus souvent possible une montre à quartz numérique? »
– Douglas Adams

De cette transition totalement incongrue, retenons le mot « pourquoi »: pourquoi diable les dirigeants de Rivella ont-ils accepté une pareille aberration génétique? Eh bien c’est probablement pour des raisons internes (ce qui n’est absolument pas une excuse).

Si on creuse un peu, on peut en effet se rendre compte que les nouvelles boissons ne sont pas de simples Rivella, mais des Rivella « Cliq ». Pourquoi Cliq? Parce que la création de cette nouvelle gamme a suivi un processus de crowdsourcing: la communauté des fans a été sollicitée à chaque étape.

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Alors j’imagine que du côté de Rivella, on a voulu valoriser cette démarche de crowdsourcing (qui a certainement été vendue comme hyper-tendance par une agence créative qui retarde un peu). Mais regardons les choses en face: soit les nouveaux Rivella crowdsourcés sont des Rivella à part entière et on les appelle Rivella orange et Rivella rose. Soit ce sont des sous-Rivella et dans ce cas ils ne méritent pas de porter ce nom, même nuancé de la mention Cliq.

Au final, pour valoriser une démarche purement interne, Rivella arrive à un résultat qui, en plus d’être totalement contraire aux fondamentaux de la marque, est incompréhensible pour le consommateur qui ne fait pas l’effort de s’informer. Pour moi, c’est raté. Mais bon, je vais quand même les goûter, hein. Surtout la version rhubarbe.

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Y a quelque chose qui cloche

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Il est classe, Rodgeur. Aucun doute là-dessus. Mais il y a quand même quelque chose qui me chiffonne dans cette pub. Pas vous? « L’assurance suisse qui voit loin. » Déjà, je ne sais pas si Rodgeur voit particulièrement loin. A première vue non, puisqu’il tourne le dos à la fenêtre et qu’en plus les stores sont fermés…

Si je vous raconte ça, ce n’est pas pour critiquer bêtement le travail d’autrui. En fait, je suis le premier à être surpris par ma réaction: cela fait des années que je dis qu’il ne faut pas pinailler ou couper les cheveux en quatre pour sur-interpréter les supports de communication. Que le public n’est pas stupide et qu’il comprend où on veut en venir. « Tel est pris qui croyait prendre », en quelque sorte.

La leçon? Sans aller trop loin, il faut quand même faire attention aux détails. Si on décide de jouer sur l’idée de voir loin, un décor fermé ne fonctionne pas. On sent que quelque chose cloche, ou disons on ne croit pas au message. Avec un paysage esthétique qui se fondrait dans le lointain, la perception serait sans doute toute différente.

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Le testimonial, un outil à manier avec délicatesse.

L’utilisation d’une célébrité dans une action de communication est une technique assez fréquente, en particulier dans le luxe et le sport. Elle a d’ailleurs fait ses preuves et permet entre autres:

  • un degré d’attention accru de la part du public, puisqu’il connaît la personne
  • une plus forte crédibilité du message, car la personne est souvent considérée comme un modèle, une source d’inspiration
  • un transfert d’image, soit le report par le public de l’affection ou l’admiration qu’il éprouve pour la personne sur la marque qui l’utilise

Mais il y a une règle d’or pour que ça fonctionne: c’est à la marque de s’adapter au style de la personne utilisée, et non le contraire.

Prenons l’exemple de cette campagne avec Xenia Tchoumitcheva. La marque de fabrique de la Tessinoise, c’est son côté peste, la petite poupée boudeuse, dédaigneuse. Carrément l’opposé de ça:

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Cette campagne, c’est du gâchis. Si on veut une jeune fille de bonne famille qui sourit de toutes ses dents, on peut certainement trouver tout plein de modèles qui feront ça très bien. Si on utilise Xenia parce qu’elle est connue et qu’on espère déclencher les réactions expliquées au début de cet article, alors il faut faire du Xenia. C’est-à-dire quelque chose dans ce goût-là:

Sans cela, l’action n’atteint pas son but et la marque:

  • ne génère pas d’attention parce qu’on ne reconnait pas vraiment la personne
  • n’est pas crédible car la personne est utilisée à contre-emploi
  • ne bénéficie pas du transfert d’image car les admirateurs de Xenia risquent d’être déçus de la façon dont elle est traitée.

roger_nationaleCet article m’a été inspiré par une affiche de cette compagnie d’assurance. Je me suis dit: « Qu’est-ce qu’ils lui ont fait à Rodgeur? On dirait Sean Penn! » Bon, j’avoue que depuis, j’ai passé pas mal de temps à regarder des photos de Sean Penn et je n’arrive pas à en trouver une qui vient confirmer mon impression. Mais je suis sûr que vous voyez ce que je veux dire.

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