Fils de pub, bête de com.

Le blog de Romain Pittet vous propose un bouquet de réflexions amusées servi sur un lit de commentaires soigneusement émincés. Tout l'assortiment est cultivé à la main au cours de longues journées de travail dans le domaine de la communication et des relations publiques.

Étiquette : concept

Minipic et les petites saucisses

IMG_2652

Cette affiche m’intrigue, j’ai de la peine à la comprendre. «On en oublie les autres.» Mais de qui on parle, au fond?

Visuellement, ça part assez juste: ça sent la styliste zurichoise, la fillette blonde avec des couettes sort tout droit d’un petit bled de Suisse-allemande et le paysan de montagne vient compléter le tableau. Pas de doute, on est bien en Suisse.

Minipic est un de ces produits typiquement d’ici, avec une forte connotation émotionnelle. On le connaît depuis toujours, il évoque des pique-niques à la montagnes, des courses d’école, des voyages en train, des sorties à ski. J’en mangeais petit et mes enfants en raffolent.

A part pour quelques malheureux qui se seraient cassé une jambe ou brûlés durant ces excursions, Minipic rappelle de bons souvenirs chez tout le monde. Alors comment comprendre cette affiche? Qui oublie qui? Ou quoi?

On en oublie les autres. Pardon?

Chaque personnage de l’affiche est super différent des autres mais ne s’en soucie pas? On aime tellement manger un Minipic qu’on se fiche de ce que pense le reste du monde en nous voyant ronger un bâton de charcuterie?

Minipic_–_Campagne

C’est toujours gênant quand une campagne est incompréhensible... Une visite du site web ne m’a pas aidé non plus. Quoique. En allemand, le slogan est: «Alle Andere sind Würstchen!» Würstchen, des petits saucisses? Tous les autres ne sont donc que des petites saucisses?

L’ennemi héréditaire

Dans le sens «petit pipi»? Du menu fretin, de la gnognotte, de la gogne? De la m*rde? Ou alors juste ça, des petites saucisses? Le mot doit quand même avoir un sens particulier puisque, toujours dans la version allemande, on nous enjoint à ne pas être une Würstchen

Minipic_–_Kampagne

Un petit tour dans la version anglaise du site me donne enfin d’autres indices. Le slogan est «All the others are weenies.» Weenie, comme «Wiener», le nom de la saucisse de Vienne. Mais aussi, en argot, un synonyme de pénis. Nous y voilà! C’est encore une mauvaise traduction! Il y avait bien un jeu de mots (douteux et macho) sur la vague ressemblance entre une saucisse et un zizi sexuel…

Mais quand donc les publicitaires zurichois (tout de noir vêtus comme il se doit) comprendront-ils qu’on vit dans un pays plurilingue? Qu’une campagne doit fonctionner aussi bien en français et en italien qu’en allemand? Que c’est peut-être marrant de parler de Würstchen en allemand mais que ça tombe complètement à plat quand on parle seulement «d’oublier les autres?»

Tu as aimé? Merci de le faire savoir autour de toi!
Share

« Chère Mobilière »

« Où sont passées les campagnes? », demandait l’autre jour Ben Kay, un publicitaire londonien qui anime un blog plutôt chouette. Il regrettait la disparition de ces concepts utilisés sur plusieurs années, voire décennies, qui donnent un fil rouge et contribuent à construire une marque forte sur la durée. Je pense que Ben Kay ne connaît pas la Mobilière.

Voilà un exemple de campagne qui dure! Ça fait des années que l’assureur suisse nous sert des spots basés sur la même idée créative: l’histoire d’un problème, racontée de façon assez humoristique et illustrée par des petits dessins façon constat d’accident, puis par des films.

Invariablement, les spots commencent par les mêmes mots: « Chère Mobilière… », au point que cette expression est passée dans le langage courant. En Suisse romande, lorsqu’il y a un imprévu, un incident, un verre renversé ou une fenêtre cassée, on dit: « Chère Mobilière! » Mine de rien, avec ce concept utilisé pendant suffisamment longtemps, la compagnie d’assurance a réussi à se construire un capital-sympathie énorme et sans doute inégalé par ses concurrents.

Le dernier coup de force de la Mobilière, c’est d’avoir intégré une personnalité connue et très appréciée du public, tout en respectant les fondamentaux de la campagne: l’humour et le « Chère Mobilière ». C’est un spot avec Didier Cuche, héros de la nation, déjà icône de la marque Ovomaltine, qui occupe elle aussi une place toute particulière dans le cœur des Romands. (M’enfin, dommage de ne pas l’avoir fait parler lui-même…)

Tu as aimé? Merci de le faire savoir autour de toi!
Share

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén